vendredi 4 janvier 2008

Histoire : Concerts symphoniques


Article publié par André David - il avait 17 ans - dans le n°2 du mensuel Jeunesse d'Afrique paru le 20 mai 1939. André David y tenait la chronique des concerts symphoniques. On y retrouve ses goûts de l'époque.

Au cours des deux derniers concerts symphoniques d'Alger, il nous a été donné d'entendre trois grands artistes : M. Doyen et Mme Durand-Texte, pianistes, M. Merkel violoniste.

On dit que généralement les noms en "ski", "ska" ou "ich" font impression sur le public ; je en sais pas si c'est entièrement vrai car M. Doyen (http://www.musimem.com/Doyen_Jean.htm) avec son nom bien français a littéralement enthousiasmé le public. Il jouait le concerto de Mendelssohn pour piano et orchestre. J'ai entendu beaucoup de pianistes de diverses nations et d'âges divers mais j'avoue n'en avoir entendu jouer comme Doyen. Ce jeune pianiste de trente ans semble posséder toutes les qualités de son jeu : les notes coulaient sous ses doigts aussi régulièrement que si elles avaient jailli de la lyre d'Orphée. Ce n'est pas lui non plus qui disimulait sous un léger coup de pédale le trait mal exécuté. Il garda bien à la musique de Mendelssohn tout le charme de son chant. Son toucher était délicat mais il avait une sonorité assez claire et précise pour n'être point étouffée par l'orchestre. Jean Doyen qui avait déjà obtenu un gand succès dans le concerto joua ensuite une pièce Liszt (renommée pour sa diffficulté).

Au cours du même concert. M. Merkel joua le concerto de Beethoven pour violon et orchestre, le grand thème de ce magnifique concerto qui fit frissonner l'auditoire pourrait être rapproché me semble-t-il de certains thèmes de Rimsky-Korsakow ou Borodine. On y trouve la même simplicité, la même délicatesse. Il nous charme et nous transporte dans un monde meilleur. M. Merkel donna une bonne exécution ce ce concerto avec sobriété et précision.

Ce fut au cours du dernier concert syphonique que Mme Durand-Texte exécuta le concerto pour piano et orchestre de Schumann. A la sortie, un de mes amis, parlant de cette oeurvre, me disait, "c'est simple et banal". Si l'on veut mais ces deux épithètes n'ont peut-être pas tout à fait leur sens lorsqu'il s'agit de ce musicien, car c'est tout ce qui fait son charme. Je considère ce concerto comme l'un des plus beaux qu'on ait écrit pour piano. On y retrouve le Schumann tel qu'on le connait, celui des petites pièces pour piano. Il a su dans une oeuvre importante de caractère sérieux, garder tout ce qui fait la grâce de ses oeuvres légères.

Mme Durand-Texte donna un interprétation délicate de cette oeuvre, son jeu souple rendit fidèlement l'élégance de la phrase de Schumann, lui laissant sa fragilité et son originalité - quiqu'on dise.

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